BIOSYNERGIE :

ÉTHIQUE ET FONDEMENTS


Dernière mise à jour : 22/10/1999


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 CHAPITRE X : LE JEU DE SAUVETAGE 

 

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  1 - Les trois rôles

2 - Le triangle de sauvetage dans la famille nucléaire

3 - Le sauveteur

4 - La victime

5 - Le Persécuteur

6 - Le jeu de Sauvetage en thérapie

7 - Comment ne pas jouer au Sauveteur


1 - Les trois rôles
 

«Les trois Rôles du jeu sont le Sauveteur, le Persécuteur et la Victime. On peut les disposer en triangle pour bien montrer comment ces rôles peuvent s'intervertir (voir figure).

La position de la Victime est «Je ne Suis pas O.K., vous êtes O.K.» (je suis impuissant et désespéré ; essayez-donc de m'aider). La position du Sauveteur est complémentaire de celle de la victime, à savoir : «Je suis O.K., vous n'êtes pas O.K.» (vous êtes impuissant et désespéré ; néanmoins, je vais essayer de vous aider). La position du Persécuteur est également : «je suis O.K., vous n'êtes pas O.K.» (vous êtes impuissant et désespéré, et c'est de votre faute).

Les rôles, tout comme les sentiments qui les accompagnent, sont interchangeables. Dans le rôle de la Victime, la personne se sent impuissante et honteuse ; dans le rôle du Sauveteur : elle se sent coupable ; et dans le rôle du Persécuteur, elle se sent en colère. En règle générale, le Sauvetage ne marche pas et conduit à la Persécution. Bien que chacun joue les trois rôles, les gens ont tendance à en préférer un, et le sentiment qui l'accompagne (leur racket). Ce rôle peut alors constituer un élément central de leur scénario banal.

Les rôles de Sauveteur, Persécuteur et Victime ont été décrits pour la première fois par Eric Berne, en tant que rôles des différents jeux, dans son livre Des jeux et des Hommes. Berne estimait que les rôles des jeux étaient interchangeables, si bien qu'une personne prenant un certain rôle dans un jeu pouvait très bien en prendre un autre dans un jeu ultérieur. Il cite par exemple un jeu de groupe intitulé «Pourquoi est-ce que vous ne... Oui, mais» dans lequel une personne se présente comme Victime et le reste du groupe comme Sauveteur. La Victime, à partir d'une position d'impuissance, pose des questions, et les Sauveteurs tentent de lui fournir des réponses. Chaque suggestion est écartée en attendant la suivante, et ainsi de suite jusqu'à ce que les Sauveteurs se mettent en colère et changeant de rôle, persécutent la Victime.

Berne faisait l'hypothèse que toute personne jouant à un jeu pouvait prendre tour à tour chacune des trois positions, de telle sorte que la personne qui joue la Victime dans la première manche pourra se retrouver Sauveteur, et finalement Persécuteur au cours des manches suivantes. Berne a plus particulièrement remarqué ce phénomène dans le jeu de «l'Alcoolique» au cours duquel la Victime (l'alcoolique) peut jouer successivement, et avec des partenaires différents, le Sauveteur, le Persécuteur, le Pourvoyeur et la Poire. Stephen Karpman, dans son article Le Triangle Dramatique, a réalisé une brillante synthèse des observations de Berne, estimant que les trois rôles de base des jeux sont le Persécuteur, la Victime et le Sauveteur, et qu'il convient de les disposer en triangle pour bien montrer comment on passe de l'un à l'autre.»
 

Claude M. Steiner (1)


2 - Le triangle de sauvetage dans la famille nucléaire

«Le Triangle de Sauvetage trouve une bonne illustration dans le classique scénario banal familial. Le Père est le Persécuteur ; la Mère est le Sauveteur; les gosses sont les Victimes. On assiste alors à une permutation circulaire des rôles : le Père devient la Victime de la Mère lorsqu'elle le persécute pour avoir maltraité les enfants, puis la Mère devient la Victime des enfants lorsqu'ils abusent de sa gentillesse. Un autre jour, les enfant deviendront les Sauveteurs de la Mère lorsqu'elle supportera passivement que le Père essaie de la battre, et ainsi de suite.»

Claude M. Steiner (1)

  3 - Le sauveteur
 
«Le rôle du Sauveteur fait l'objet d'une véritable mystification dans notre société. On encourage l'abnégation, l'altruisme et la générosité. On va même plus loin dans la mystification en encourageant la coopération. Mais on oublie de nous faire remarquer que I'on nous encourage à nous montrer désintéressés, généreux et coopératifs envers les autres, même s'ils sont envers nous trompeurs, égoïstes, pingres et non coopérants. Par exemple, l'exploitation des travailleurs et des pauvres gens par les politiciens et les grandes fortunes qui dirigent ce pays est grandement facilitée par la tendance au Sauvetage qui encourage les gens à se montrer «coopérants», serviables, travailleurs, et par conséquent facilement exploitables.

La mystification dont sont victimes les mères de famille les a particulièrement rendues aveugles au caractère oppressif de leur rôle de Sauveteur. Renoncer au Sauvetage n'est pas considéré comme un service que l'on rend à la Victime, mais comme une offense. En continuant à être Sauveteur, on n'a pas l'impression de lui faire du tort, mais au contraire d'être désintéressé, généreux et coopératif. Les hommes supporteraient ainsi mieux leur condition masculine à cause de la programmation des rôles sexuels qui fait de la femme une force de travail non rétribuée.

Par exemple, les épouses d'alcooliques ont beaucoup de mal à admettre combien, loin de l'aider, elles nuisent à leur mari alcoolique avec leurs perpétuels sacrifices, leur «abnégation» et leur capacité à supporter des insultes aussitôt pardonnées.

Le rôle de Sauveteur nous donne l'impression de dominer les autres, et c'est le seul plaisir qu'il puisse nous procurer - en nous épargnant d'être dominés en tant que Victime. Nous pouvons aussi occuper une situation de dominant en devenant Persécuteur, mais ce n'est pas une situation aussi gratifiante. En général, pour devenir Persécuteur, nous avons besoin d'être légitimé par un titre ou un insigne officiel.»

Claude M. Steiner (1)
 


4 - La Victime
 

« Il y a Victimes et victimes. Une victime est une personne opprimée par une autre. Certaines personnes sont de «pures» et véritables victimes, et ne contribuent en rien à leur position de dominées. Par exemple, une personne renversée par un camion, et une personne agressée dans la rue par un voleur sont de véritables victimes. Mais la plupart du temps, la situation implique que la Victime collabore à sa victimisation, en ne se défendant pas contre le tort qui lui est fait.

Lorsqu'une personne est dominée ou opprimée par une autre personne ou une situation, la Victime devient complice de son oppresseur si elle méconnaît le sentiment qu'elle éprouve à être persécutée et/ou si elle n'utilise pas tout son pouvoir à se dégager de sa positon de dominée. Si l'on veut distinguer la véritable oppression de celle qui implique d'être auto-entretenue ou qui ne persiste que par défaut de lutte, il convient d'utiliser, selon le cas, une minuscule (véritable victime) ou une majuscule (Victime).

On peut utiliser le même procédé en ce qui concerne le rôle de Sauveteur, pour le distinguer du véritable sauveteur, comme le pompier ou le maitre-nageur dont la fonction est d'aider de véritables victimes. La principale différence entre un sauveteur et un Sauveteur est que le premier s'attend à réussir et qu'il y parvient le plus souvent, tandis que le second s'attend à échouer et qu'il est rarement déçu en la matière.

Une autre différence entre Sauveteurs et Victimes d'une part, et sauveteurs et victimes d'autre part, est que les sauveteurs sont généralement remerciés par les victimes qu'ils ont aidées, tandis que les Sauveteurs sont le plus souvent persécutés par leurs Victimes.
 

Personne n'aime être dominé, mais il est agréable de se laisser aller et de passer le relais aux autres. On peut laisser les autres prendre les choses en main pour une courte période sans pour autant jouer un jeu, surtout si l'on est d'accord pour inter-changer les rôles par la suite. Par contre, le sentiment d'être une Victime impuissante est infernal, et il ne peut qu'empirer si quelqu'un d'autre vient confirmer cette impuissance en jouant le rôle de Sauveteur. Quelle que soit notre impression de faiblesse, il est bon de s'entendre dire qu'on n'est pas totalement impuissant. Celui qui désire nous aider peut nous rendre beaucoup d'énergie en nous demandant d'exercer notre pouvoir et en s'attendant à ce que nous accomplissions notre part du travail.

Nous en voulons beaucoup à quiconque nous prive de notre pouvoir, surtout si nous ne l'avons pas demandé, et nous nous sentons humiliés et furieux lorsque nous découvrons que quelqu'un a fait pour nous ce dont il n'avait pas réellement envie.

Les gens qui veulent se tirer d'une position de Victime peuvent très bien demander à ne pas être sauvés, et réclamer de la sincérité à ceux qui les aident. Il faut souvent exprimer cette exigence avec insistance envers ceux qui ont tendance à être Sauveteurs et qui éprouvent de la culpabilité quand ils arrêtent de jouer ce jeu.

En thérapie, on peut combattre avec efficacité l'impuissance engendrée par le jeu de Sauvetage. Il est possible d'éviter les trois rôles du jeu, et les gens découvrent alors qu'ils ont de réelles capacités et qu'ils peuvent développer des talents dont ils n'avaient pas idée. Les femmes acquièrent un esprit logique, se découvrent des talents pour la mécanique, deviennent fortes, et s'aperçoivent qu'elles peuvent marcher, courir et grimper aussi bien et aussi longtemps que les hommes. Les hommes peuvent devenir sensibles et émotifs, ils sont capables d'apprendre à prendre soin des autres, à se relaxer, à ressentir de l'amour au fond de leur coeur, et à apprécier la vie. En évitant les rôles du Triangle de Sauvetage et en nous appuyant sur notre Centre, nous sommes à même de prendre le pouvoir dans notre vie et de cesser d'empêcher les autres d'en faire autant.»

Claude M. Steiner (1)


5 - Le Persécuteur

«Le rôle de Persécuteur est l'aboutissement inévitable des rôles de Sauveteur et de Victime. Quiconque agit en Sauveteur en aidant quelqu'un qui ne s'aide pas soi-même finira inévitablement par se mettre en colère contre cette personne. Chaque fois qu'une personne en position de Victime est sauvée par quelqu'un d'autre, elle sait parfaitement que le Sauveteur la conforte dans sa position de dominée et entame sa capacité à exercer son pouvoir. Par conséquent, une personne qui a joué un rôle de Victime vis à-vis d'un Sauveteur finira inévitablement par se mettre en colère. Il est donc possible de prédire que toute transaction Sauveteur-Victime finira par se transformer en une transaction Persécuteur-Victime.»
Claude M. Steiner (1)


6 - Le jeu de Sauvetage en thérapie

«Le jeu de Sauvetage implique toujours une personne qui se sent O.K. et en position de dominant (Sauveteur ou Persécuteur), et une personne qui se sent non O.K. et en position de dominé (Victime). Ce type de relation d'inégalité dominant/dominé s'oppose à une relation entre égaux que caractérise la position réciproque «Je suis O.K. vous êtes O.K. »

Une fois qu'on a mis le doigt dessus, le Triangle de Sauvetage devient assez évident pour les thérapeutes. Par exemple en psychothérapie d'alcoolique, il est fréquent que ce dernier se présente comme une victime impuissante. Le thérapeute accepte cette «représentation» et se met en devoir de «faire de la thérapie» sans s'assurer d'aucun engagement d'aucune sorte de la part de l'alcoolique. Comme il n'a aucune garantie de motivation ni de la volonté de participation de ce dernier, il commence à tenir le rôle du Sauveteur, dans la mesure où il accomplit plus de la moitié du travail. L'alcoolique n'a pas en effet réellement manifesté le désir d'arrêter de boire, pas plus que celui d'entreprendre quoi que ce soit de plus que, peut-être, venir aux séances de thérapie. L'alcoolique «fait des progrès» pendant quelques temps mais, finalement, juste au moment où tout le monde pense qu'il va mieux, il se remet à boire. La raison de son comportement s'explique souvent, en partie, comme un geste de rancoeur à l'égard de l'attitude condescendante du thérapeute et comme une vengeance vis-à-vis de ce dernier. Voilà un exemple de Victime qui devient Persécuteur, tandis que le Sauveteur devient Victime. Après que l'alcoolique ait persécuté le thérapeute par son «échec», en l'agrémentant à l'occasion d'appels téléphoniques nocturnes et de demandes d'assistance exorbitantes, le thérapeute, homme ou femme, prend le rôle de Persécuteur et se met à avoir des attitudes vindicatives. Il ou elle peut commencer à penser de lui qu'il est «schizophrène», à le dévaloriser, à être furieux (se) contre lui parce qu'il n'est plus la bonne petite victime, mais à la place, se met à jouer les méchantes petites victimes. A ce stade-là, le Sauveteur est devenu Persécuteur et, de nouveau, l'alcoolique est dans la position de Victime.

La plupart des thérapeutes ont travaillé avec enthousiasme en faveur de personnes qui, finalement, se sont révélées non seulement indifférentes à leur aide, mais même en fait, pleines de dédain pour celle-ci. La plupart d'entre nous avons fait l'expérience de nous sentir de plus en plus concernés par une personne, actifs à son propos, pendant que celle-ci, insensiblement, devenait de plus en plus passive, jusqu'à ce qu'il apparaisse que son bien-être était davantage notre affaire que la sienne. La plupart d'entre nous avons, à un moment ou à un autre, été leurrés par une fausse sensation d'accomplissement en tant que thérapeute, pour tomber subitement de notre piédestal le jour où notre «patient-vedette» se saoulait, faisait une tentative de suicide ou était arrêté pour vol à l'étalage.

La plupart d'entre nous, après avoir «travaillé dur» avec une personne, homme ou femme, et n'avoir obtenu aucun succès, se sont mis en colère et, subtilement (ou ouvertement) l'ont persécutée.

Ces expériences sont déchirantes pour les thérapeutes. Je souhaite suggérer quelques idées et démarches qui seront utiles pour éviter le jeu de Sauvetage en thérapie.

La thérapie est une situation au cours de laquelle les trois rôles du triangle tendent à être joués, surtout ceux de Sauveteur et de Victime. Quelques groupes de thérapie qui utilisent l'attaque comme méthode thérapeutique, ainsi que l'a préconisé le théoricien d'avant-garde Synanon, encouragent également le rôle de Persécuteur.

Pour mener une bonne thérapie, il est encore une fois essentiel de regarder les personnes qui recherchent de l'aide comme des êtres humains capables de prendre le contrôle de leur vie. Cela est impossible aussi longtemps que le thérapeute accepte de jouer le rôle de Sauveteur. Quant au rôle de Persécuteur, il est, à mon avis, également totalement dénué de vertu thérapeutique. Bien sûr, lorsqu'on le joue, il fait disparaître les tendances au Sauvetage qui existent dans le groupe. Mais cela n'ajoute rien de grande valeur ; et le genre de Persécution qui a cours dans la soi-disant «thérapie d'attaque» est souvent terrifiant et inhumain, conduisant fréquemment les individus à s'endurcir et à se dessécher plutôt qu'à devenir des êtres humains meilleurs et plus heureux.

En bref, pour éviter le Triangle de Sauvetage, le thérapeute doit impérativement adopter la position essentielle de «je suis O.K. , vous êtes O.K.» à l'égard de la personne qui sollicite son aide.»

Claude M. Steiner (1)


7 - Comment ne pas jouer au Sauveteur
 

«Il est relativement évident que certaines personnes, certaines relations humaines et certaines institutions ne fonctionnent presque exclusivement que selon le schéma du Triangle de Sauvetage. Dans ces situations, on dénie à l'être humain la liberté d'agir de quelqu'autre manière que celle qui cadre avec l'un de ces trois rôles. Face à ces personnes, ces relations humaines, ou ces institutions, il est presque obligatoire de rentrer dans le jeu. Par exemple, entrer en relation avec un alcoolique, qui offre constamment l'image d'une Victime en quête de Sauveteur, peut paraître impossible à moins d'accepter de jouer le rôle de Sauveteur ou de Persécuteur. Plus exactement si l'on n'accepte pas de «Sauver» ou de «Persécuter» l'alcoolique, celui-ci, tout bonnement, ne sera pas intéressé. On peut en dire autant d'individus qui exigent à tout prix d'être «Sauvés» ou de jouer les Sauveteurs dans leurs relations.
 

On ne peut être partie prenante dans les interventions de certaines institutions, à moins d'y tenir le rôle de Victime ou de Persécuteur. Un dispensaire psychiatrique est souvent le genre d'institution dans laquelle il n'existe que deux jetons de présence pour les participants :

1 - Celui du rôle de patient, ou Victime, dans lequel on est considéré comme n'ayant ni pouvoir, ni possibilité de choix,

2 - celui du rôle de thérapeute, ou Sauveteur, dans lequel on vous enjoint de traiter les individus, soit en bonnes Victimes impuissantes, c'est-à-dire à qui il faut de l'aide, soit en méchantes Victimes impuissantes, c'est-à-dire à qui il faut de la Persécution.

Les rapports avec de telles personnes ou de tels organismes sont personnellement stressants si l'on refuse de jouer le jeu : celui du Sauvetage. Il se peut que ce soit réellement impossible, parce que l'on risque d'être Persécuté pour ne pas vouloir jouer, de telle sorte que, pour peu que l'on reste dans cette situation, cela revient à être délibérément Victimisé sans pouvoir s'en sortir.

Chaque fois qu'on joue à être le Sauveteur, lorsque l'on fait quelque chose que la Victime ne veut pas, lorsqu'on accomplit plus de la moitié du travail, ou qu'on n'est pas assez exigeant, on présume toujours que la Victime est, d'une certaine manière, impuissante et incapable de prendre soin d'elle-même, autrement dit : est en position d'infériorité. Chaque fois, le fait de «Sauver» quelqu'un réaffirme et maintient le déséquilibre du rapport de pouvoir entre le Sauveteur et la Victime et compromet la possibilité que les gens soient O.K. et susceptibles de progrès.

Il est difficile de renoncer à ses propres préjugés de supériorité, d'abandonner le point de vue selon lequel les individus sont incapables de prendre le contrôle de leur vie ; mais c'est le seul moyen pour établir des relations de coopération et d'aide.

1 - Toute situation dans laquelle une personne a besoin de l'aide d'une autre est aussi potentiellement celle au cours de laquelle l'une devient Sauveteur et l'autre devient Victime. Le rôle de Sauveteur est celui dans lequel une personne, adoptant une attitude protectrice, dénie ou diminue chez l'autre, la Victime, le pouvoir de s'aider elle même, soit en acceptant une demande d'aide sans exiger en contrepartie un investissement égal, soit en imposant une aide sans que celle-ci ait été sollicitée. Par conséquent :

A - N'aidez pas sans contrat

B - Ne vous figurez jamais qu'une personne est sans ressource personnelle (à moins qu'elle ait perdu connaissance).

C - Aidez les gens qui se ressentent comme impuissants à trouver des façons d'utiliser le pouvoir qui est en eux.

D - Ne fournissez pas plus de la moitié du travail an thérapie ; exigez tout le temps que l'autre an fasse au moins la moitié.

E - Ne faites pas ce que vous ne voulez pas vraiment faire.

2 - Le rôle de Sauveteur implique une relation de pouvoir et de supériorité sur la Victime. Le rôle de Victime entraîne une situation d'impuissance et d'infériorité par rapport au Sauveteur. Assumer l'un ou l'autre de ces deux rôles conduit à l'accumulation de sentiments de dépit qui transformeront chacun de ces rôles en celui de Persécuteur. La Persécution sera proportionnelle, en intensité, à celle des rôles de Sauveteur ou de Victime précédemment joués. En conséquence:

A - Évitez d'adopter un comportement qui vous mette sans raison majeure dans une position de supériorité :

- N'utilisez pas de chaise spéciale,

- ne répondez pas au téléphone pendant les séances,

- ne vous habillez pas de façon plus coûteuse que les gens avec lesquels vous travaillez,

- ne concentrez pas l'attention du groupe sur vous, à moins que ce ne soit dans un but thérapeutique,

- n'interrompez pas les gens,

- n'acceptez pas de déclarations d'infériorité par rapport à vous, ni les caresses du groupe du style :
«Professeur, vous êtes formidable»,

- maintenez l'égalité dans tous les domaines sauf celui où l'on admet que vous soyez dans une position de supériorité, à savoir en tant que spécialiste de thérapie. Efforcez vous de réduire cette inégalité en enseignant aux membres du groupe tout ce que vous savez sur la question,

- ne mettez pas votre numéro de téléphone sur la liste rouge (à moins que vous n'en ayez un autre, répertorié dans l'annuaire).

B - Si vous ressentez de la colère contre un des membres du groupe, faites l'hypothèse que vous avez joué au Sauveteur

- soit en ayant accompli plus de la moitié du travail,

- soit en ayant fait quelque chose dont vous n'aviez pas envie, sans être parvenu à l'éviter de peur de froisser la personne en question. En voici quelques exemples:
écouter des gens qui vous ennuient, faire de la thérapie quand vous avez l'impression que cela ne mène à rien, conduire des séances quand vous ne le voulez pas, soit parce que vous n'aimez pas la personne, soit parce qu'elle vous ennuie, soit parce que vous êtes fatigué.

Vous êtes à moitié responsable de cet état de fait. Plus vous êtes en colère contre un membre du groupe, ou plus celui-ci l'est contre vous, et plus il y a de chances pour que vous l'ayez Sauvé ou Persécuté. N'oubliez pas, il est impossible qu'un membre du groupe joue avec vous un jeu dans lequel vous ne seriez pas pleinement impliqué. Si vous ressentez souvent de la colère contre un membre de votre groupe de thérapie contractuelle (plus d'une fois tous les six mois), mettez-vous dans un groupe de thérapie et travaillez sur votre problème.

C - Ne laissez pas des sentiments de rancoeur s'accumuler en vous ou chez d'autres membres du groupe. Débarrassez-vous de vos timbres-ristournes et de vos ressentiments secrets au sein du groupe et encouragez chacun à donner le feed-back critique de son Adulte à chaque autre personne ainsi qu'à vous-même.

D - Ne vous permettez pas de provoquer un Persécuteur ou un Sauveteur parmi les membres de votre groupe. Certains thérapeutes, pour éviter d'être en position de supériorité, essayent de se tenir dans la. position contraire. Dans ce but, ils peuvent s'habiller de manière négligée, être tout le temps malades, arriver en retard aux réunions, avoir la gueule de bois, fumer sans arrêt, faire allusion ou parler de leurs propres problèmes ou, tout simplement, être un thérapeute incapable et maladroit qui s'en tire en disant de temps en temps : «Ne me regardez pas, je suis juste un membre du groupe», en oubliant que, si tel était le cas, il lui faudrait rembourser le prix des séances aux membres du groupe.

Éviter de jouer au Sauveteur dépend dans une large mesure de l'efficacité du thérapeute.

Pour résumer, nous «Sauvons» une autre personne lorsque:

1 - Nous faisons pour elle quelque chose que nous ne voulons pas vraiment faire.
2 - Nous investissons plus de la moitié de l'effort en lui venant en aide.

Parvenir à un contrat avec chacun des membres du groupe est un pas important pour construire un groupe qui n'ait plus le Sauvetage pour clé de voûte.»

Claude M. Steiner (1)


 
 
Notes :

(1) Claude M.- Steiner, Des scénarios et des hommes, éditions EpiLes trois rôlesLe triangle de sauvetage dans la famille nucléaireLe sauveteurLa victimeLe persécuteur



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